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didier
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   Posté le 09-09-2005 à 22:10:49   Voir le profil de didier (Offline)   Répondre à ce message   Envoyer un message privé à didier   

Sur le canal habitaient des petites gens. Pas de noms à particules, pas de noms célèbres parmi les enfants de l'école de la rue de Marseille. Les parents étaient des hommes de peine, porteurs aux Halles, bonnes ou commerçants. Au tournant du siècle, Fernand Brochoire, le maréchal ferrant du 112, quai de Jemmapes, Emile Thiancourt, le cristallier du 84 et Désiré Pipart, le patron du lavoir du 71, rue Bichat, vinrent inscrire leurs enfants, en même temps que les marchand de cuir de la rue Beaurepaire, les employés d'Octroi de la rue de L'Entrepôt.( ex-rue de la Douane). Le canal était le royaume des palefreniers et des cochers. Et la terre d'asile d'immigrés politiques : à la vague des polonais, venus s'y installer après la guerre de14, reconvertis en tailleurs ou en maroquiniers, succéda celle des Italiens fuyant mussolini, puis, après-guerre, celle des yougoslaves. Ils trouvaient dans le quartier des chambres d'hôtels à bon marché. Le centre Benoit Malon, 107 quai de Valmy, à l'emplacement du jardin villemin, les accueillait pour quelques jours. C'était, du temps de Dabit, un asile pour clochards, "sombres et nu comme une caserne".
Quartier ouvrier, le canal attirait syndicalistes et révolutionnaires. Au 96, quai de Jemmapes, la Librairie du Travail était, dès avant 1914, le local de "la vie ouvrière". Elle fut pendant la première guerre mondiale le lieu de rendez-vous de tous les révolutionnaires internationalistes à Paris, dont le plus célèbre fut Trotsky.
Dabit mentionne dans hotel du nord " les livres, les bouquins et brochures écarlates alignés à la devanture, au milieu desquels trône un portrait de Lénine. Jean François Vilar l'évoque dans ses romans. "Comment expliquer, écrit-il, que si j'avais choisi d'habiter Quai de Jemmapes, c'était à cause du souvenir de cette librairie ? De cette dignité militante, très vieille, très inscrite, mais qui s'en souvenait ?"
Lieu mythique du mouvement ouvrier, la Maison des syndicats occupait un petit immeuble, 33, rue de la Grange aux Belles, au fond de l'impasse Chausson. Là s'est joué toute l'histoire tourmentée de la CGT de 1909 à 1940. Les militants s'y regroupaient au départ des grandes manifestations qu'on voyait descendre par la rue de Lancry. La CGT y organisa des congrès et des fêtes populaires jusque vers 1970.
Rue des Vinaigriers, le marchand de couleurs fit place en 1967 au cercle des Gatribaldiens, lieu de rassemblement des vaillants combattants aux chemises rouges. Ce local e ncontre-bas du Quai de Valmy, fut acheté par leur président d'honneur, le magnat de la presse Cino del Duca. "Avec moi vous ne serez jamais à la porte" avait-il dit à Dario Maffini ,88 ans, toujours fidèle à l'idéal du héros italien. Ce résistant actif fut l'un des 72 garibaldiens à participer à l'assaut de la caserne des pompiers du Prince EUgène, place de la République en aoû 1944.

extrait de " Je me souviens du canal Saint Martin " de Marie Babey chez Parigramme


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